mardi 25 octobre 2016

L'enlèvement

L'enlèvement


Auteur: Carl Rocheleau
Nombre de pages: 304
Maison d'édition: Editions de Mortagne
Date de parution: 5 octobre 2016
Prix: 19.95$


Synopsie


Janvier 1984, Montréal.
À la sortie de l'école, Véronique Rocheleau est abordée par un homme qui prétend la connaître. Convaincue par le discours de l'inconnu, la fillette de huit ans abandonne ses amies et le suit

Véronique n'a aucune idée du cauchemar dans lequel l'attire François, celui dont le nom la hantera durant les trente prochaines années.


Loin de s'arrêter a l'enlèvement, ce livre expose les conséquences qu'un tel drame peut engendrer chez la victime

Et si le plus difficile était de survivre?




Extrait

[...]

Déjà, je sens la pression retomber. Le soulagement est tel que je vais me contenter d'expliquer à Véronique la peur qu'elle m'a faite au lieu de la gronder.

Le téléphone sonne. Je décroche.


-Non, m'annonce  finalement Rita. Les filles disent que Véronique a  suivi un homme.

Pincement au ventre. À moins que ce soit directement au cœur?

Maîtrise ta voix Lise, maîtrise ta voix.

- Merci.

Je dépose le combiné. Ça ne se peut pas. Impossible. Pas Véronique. Pas ma grande fille.


[...]



Avis

Dès le début en lisant la note de l'auteur, on sent que l'on s'engage dans une lecture forte. Qu'il y a des liens très forts entre Véronique et Carl.
Ce livre est un recueil de sentiment, de confidence, mais aussi un vrai travail d'inspecteur mené par le frère de la victime.

Dès le chapitre concernant le ressenti de Véronique, je me sens tétanisée face à cet inconnu qui dit être envoyé par sa mère. On se pose les  mêmes questions que Véronique, est si c'était vrai? Mais maman m'aurait prévenue, non? À moins qu'elle ait oublié? Au moment où Véronique accepte de suivre François, c'est une longue chute en enfer qui commence pour elle. 


L'auteur arrive à me faire ressentir toute l'inquiétude de Lise (sa maman). Étant moi même maman je n'ose pas imaginer comment je réagirai face à cette situation. On sent bien qu'elle est perdue, pris d'une grande culpabilité d'avoir voulu responsabiliser sa fille.


Véronique s'en veut énormément de ne pas avoir écouté ses amies, de ne pas avoir saisi chaque occasion qu'elle a eue de fuir son bourreau, mais après tout, elle ne pouvait pas savoir ce qu'il lui arriverait. Même si  je pense que son papa et sa maman lui ont déjà dit de ne pas parler aux inconnus. Comment ne pas croire une personne qui dit connaître nos parents quand on a que 8 ans?


Je suis ébahie de la force de Lise, malgré la situation, elle fait tout pour ne pas pleurer devant les autres. Je pense si je devais décrire ce livre en un mot se serait Force. Pourquoi? Pour la force de Lise qui fait tout pour tenir, qui porte le rôle du parent dit "méchant", vu que le papa occupait déjà la place du parent "gentil" qui jouait avec Véronique. Pour la force de Véronique qui malgré tout ça fait tout pour s'en sortir. Elle puise en elle toute la volonté et la force qu'elle peut trouver pour se libérer de sa prison, alors que d'autres seraient restés là à mourir à petit feu en attendant qu'on les retrouve.


Ce livre nous montre que certaines personnes savent encore faire preuve de compassion par rapport à la petite Véronique qui a trouvé refuge dans les bras de cette femme. Il nous apprend aussi que la presse est un vrai torchon (même si cela on le savait déjà plus ou moins) et un vrai nid de pourriture d'hommes et de femmes sans cœur, qui trouvent juteux toute situation dramatique que peut vivre une famille. Ils n'ont aucun savoir-vivre, la seule chose qui les intéresse c'est d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent, même si pour ça ils doivent mentir, et salir l'image d'une mère.


Malgré la force de Véronique, une chose en elle s'est cassée. Se ne sera plus la même petite Véronique de 8 ans, quelque chose a changé en elle, elle ne sera plus jamais comme avant et c'est la que commence le après le délit judiciaire, le ressenti  de la victime qui est sortie pas si indemne de son enlèvement. Le perte de confiance en soi, plus aucune estime de soi, l'envie de se faire du mal, se mutiler est souvent la retombé d'une agression quelconque. La personne ressent le besoin d'être soutenu, épaulé, qu'on lui dise qu'on l'aime. Que se n'est pas de sa faute s’il lui est arrivé telle ou telle chose. Dans ce genre de situation, c'est tellement plus simple de se renfermer sur soi-même. On se dit moins on en parle moins on souffre, moins on souffre plus on oublie, mais malheureusement non au contraire. Ce genre de chose laisse des marques.


L'auteur nous fait bien ressentit tout cela, comme ci s'était nous la victime, son mal devient le notre, l'incompréhension de se mère est notre également. Ve livre est écrit de manière à ce que le lecteur se retrouve à jouer toutes les personnes de cette triste histoire.


Je trouve que la maman pense beaucoup, mais n'agit pas assez. Sa fille a besoin d'elle, elle lui lance des appels au secours, mais elle ne les entend pas ou ne veut pas les entendre, car elle ne sait pas comment aider sa fille, à un point que Véronique ne se sent pas soutenue. En aucun cas je ne juge cette maman, car je suis un regard externe, donc je vois plus facilement ce qui ne va pas. Mais il manque sérieusement de dialogue au sein de cette famille.

Ce livre nous donne une très grande leçon de vie. Tout d'abord, il faut toujours montrer aux personnes que l'on aime qu'on sera toujours là pour eux, qu'il est vécu ou non un acte criminel. Leur dire qu'on les aime. Que peut importe ce qui se passe qu'est là pour les écouter, pour les soutenir. Ne pas hésiter ) leur dire que l'on est fière d'eux. Mais aussi qu'il faut instaurer du dialogue au sein de sa famille, parler, parler, parler et encore parler. C'est dans ces moments-là que l'on se rend compte à quel point c'est important la communication. Étant maman, ce livre m'a beaucoup touché, même très affecté. Je comprends l'enfer que les parents ont dû vivre à cause de la disparition de leur fille, l'angoisse qu'ils ont ressentie, la peur de ne jamais revoir leur fille un jour. 

Merci à Véronique d'avoir partagé son histoire, cela n'a pas dû être facile d'en parler, surtout à son frère. Merci à Carl de l'avoir écrit et rassemblé tout ces témoignages afin de nous faire comprendre que oui c'est terrible  une agression, mais que la vie après ça l'ait toute autant, qu'elle n'a plus le même sens. Qu'au final c'est dur de vivre et qu'on finit par survivre.



Merci aux 
Éditions de Mortagne d'avoir partagé ce livre avec moi.

Note

9.5/10. Très bonne lecture

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